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Bonjour Marie-Jo, peux-tu rapidement te présenter ?
Bonjour, je suis Marie-José BESNARD, Manager Terrain chez SIG depuis plusieurs années. Un article a d’ailleurs été fait il y a quelques mois sur mon parcours professionnel. Aujourd’hui, en cette semaine pour l’emploi des personnes handicapées, il me semblait important de partager mon expérience sur ce sujet du Handicap qui me tient à cœur.
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Qu’est-ce qui te vient tout de suite à l’esprit quand on te dit « Handicap » ?
Le handicap est un sujet très vaste et il y a différents types de handicap. Je souhaiterais tout d’abord rappeler que dans une grande majorité des cas, on ne naît pas handicapé, mais on peut le devenir au cours de sa vie, pour diverses raisons comme une maladie, un accident du travail, un accident de la route…
C’est donc un sujet auquel chacun d’entre nous est susceptible d’être confronté un jour, que ce soit à titre personnel ou dans son entourage proche. Or, j’ai le sentiment que beaucoup de personnes n’en ont pas vraiment conscience. Je suis bien placée pour le savoir car j’y suis confrontée dans ma famille. Je vis le handicap au quotidien et j’y suis donc d’autant plus sensibilisée au niveau professionnel.
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Quelles répercussions le handicap a-t-il eu sur toi ?
A partir du moment où l’on est confronté quotidiennement au handicap dans sa vie personnelle, notre regard, notre sensibilité et notre personnalité changent. Je suis convaincue que je ne serais pas la femme que je suis aujourd’hui si je n’y avais pas été confrontée directement.
Face au handicap, on est obligé d’aller chercher au fond de soi les ressources et la force nécessaires pour y faire face. Le handicap m’a rendue différente je pense, plus chaleureuse, plus attentive aux autres, plus à l’aise dans le « vivre ensemble ». C’est quelque chose qui ressort également de mon partage d’expérience avec d’autres personnes touchées par le handicap. Ce qui est certain, c’est que c’est un combat de tous les jours et que si tu n’acceptes pas le handicap, tu ne réussiras pas à y faire face et à le gérer au quotidien.
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Que penses-tu de l’intégration des personnes handicapées dans la société française en général ?
Aujourd’hui, la situation des personnes handicapées s’est considérablement améliorée. D’une part, la perception que les personnes ont du handicap a réellement évolué : le handicap fait moins peur aujourd’hui qu’hier car les personnes y sont davantage sensibilisées, et de plus en plus tôt. Plus les années passent et plus les personnes handicapées sont intégrées dans notre univers scolaire, professionnel… C’est un sujet qu’il faut aborder et démystifier dès l’école.
D’autre part, la législation évolue également : il y a une vraie volonté politique aujourd’hui d’essayer de mettre en place des lois en faveur des personnes handicapées afin qu’elles bénéficient des mêmes droits, des mêmes traitements, des mêmes accès à un emploi qu’une personne non handicapée… J’ai conscience des difficultés que cela peut représenter pour les entreprises. Mais c’est un enjeu humanitaire important, c’est une façon de penser qui doit se construire jour après jour dans notre société, même s’il faut parfois utiliser une « carotte » comme la taxe handicap pour accélérer l’embauche de travailleurs handicapés.
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As-tu le sentiment de donner une chance aux travailleurs handicapés ?
Ignorer le handicap met nécessairement un frein à l’emploi des travailleurs handicapés. Or, pour ma part, compte tenu de ma situation personnelle, je suis à l’écoute du handicap car ça me touche. Je suis une combative et je cherche des solutions. Par exemple, dans le cadre d’une mission confiée à un salarié handicapé, si ce dernier ne peut pas faire une tâche et qu’il m’en parle, je l’écoute et j’essaye de le comprendre sans le juger, malgré mes obligations vis-à-vis de la société et de nos clients.
Je suis persuadée qu’intégrer des salariés handicapés dans nos équipes est une vraie richesse. Cela permet d’avoir un retour différent de leur part, une autre vision du monde du travail, de notre activité, de notre sensibilité. On n’a pas la même relation au travail avec une personne handicapée ou une personne qui ne l’est pas. Leur vision du monde nous permet aussi à nous d’avancer et d’être plus tolérant.
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Comment abordes-tu le sujet du handicap avec les salariés de ton secteur géographique ?
Quand j’embauche un nouveau salarié sur mon secteur géographique, je ne lui pose pas la question tout de suite car j’estime que si la personne a postulé, c’est qu’elle est capable de faire le job. Je fais confiance à la personne.
Ensuite, quand je vais sur le terrain, que je rencontre les salariés et que je me rends compte que la personne a un handicap, à ce moment-là je lui en parle. Je suis une personne directe et ouverte et mes équipes le savent. En revanche, si ça ne se voit pas, je pose très rarement la question. Dans tous les cas, j’aborde le sujet avec tact car l’idée n’est pas que la personne en face se méfie ou se remette en question sur son travail.
Ça arrive aussi bien entendu que la personne m’en parle d’elle-même, soit dès le début, soit lorsque se crée un climat de confiance au fur et à mesure du temps. Pour moi, il est important de communiquer avec ses équipes, d’être à l’écoute, de comprendre les difficultés de chacun, de chercher des solutions, de sensibiliser les personnes. Le fait d’être confrontée au handicap me rend différente, je n’ai aucune gêne sur ce sujet et je suis ouverte donc la discussion s’instaure très naturellement. J’estime que quand les salariés m’en parlent d’eux-mêmes, c’est une vraie marque de confiance envers moi.
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Quel est ton retour d’expérience par rapport aux missions des travailleurs handicapés ?
J’ai souvent remarqué que malgré leurs limites, quelles qu’elles soient, les travailleurs handicapés sont très souvent des personnes combatives, persévérantes, créatives, fortes, qui travaillent toujours plus pour cacher leur handicap. Ils se remettent toujours en question : en suis-je capable ? suis-je à la hauteur ? est-ce que je travaille correctement ? Ils se mettent une grosse pression pour faire les choses parfaitement. Il faut les protéger car ces personnes sont malgré tout vulnérables, mais il ne faut pas pour autant tomber dans la pitié à leur égard, ce n’est pas ce qu’ils souhaitent. L’employeur donne une chance aux salariés handicapés, à eux ensuite de nous prouver qu’ils en sont capables. C’est du gagnant-gagnant.
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Comment penses-tu que le handicap est perçu chez SIG ?
Chez SIG, il y a une réelle et sincère sensibilisation sur le sujet du handicap au niveau de l’entreprise. Les sociétés évoluent, souvent du fait de la législation, mais c’est un sujet qui tient vraiment à cœur à de nombreux salariés SIG. On est attentif, bienveillant et ouvert d’esprit. Cela se ressent d’ailleurs dans les retours que l’on a des salariés handicapés.
Il ne faut donc surtout pas hésiter à continuer à contacter les référents sur le sujet :
- Flora LESUEUR, salariée intermittente handicapée – 06 16 70 48 72 – fl**********@gm***.com
- Anne-Laure FURON, Juriste de la société – 01 34 58 56 81 – an**************@si*******.com
- Les managers terrain et chargés d’affectation.
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Si tu avais une dernière chose à dire sur le handicap, quelle serait-elle ?
Pour les salariés qui n’oseraient pas en parler, je leur conseille vivement de le faire. Le partager avec les autres, c’est une première étape vers l’acceptation. Être handicapé n’est pas une honte. Il faut être prêt à en faire abstraction pour pouvoir s’insérer dans une relation « normale » avec les autres. Il ne faut donc pas hésiter à s’ouvrir, à se confier, ni avoir peur. Le travail d’une personne, handicapée ou non, repose avant tout sur ses compétences. Transparence et dialogue sont les maîtres-mots pour moi.
Enfin, aujourd’hui, on doit tous se sentir concernés et se mobiliser pour favoriser l’emploi des travailleurs handicapés. Si demain vous vous retrouvez dans cette situation, il vous sera difficile de l’accepter mais savoir que la société vous aide et vous accompagne vous permettra malgré tout de surmonter plus facilement certaines difficultés. Je suis persuadée que si l’on s’y attache tous vraiment et sincèrement, la situation des personnes handicapées ne pourra que s’améliorer. Aujourd’hui, c’est mieux que ce que c’était hier, mais ça pourrait être encore mieux demain.